Le 4ème H (Tome 1) - "La Règle Primitive" - Post 13 - FIN DES NOTES

Le Conseil d’Avent
(Onzième Ecrit)


Emmerick MaA Verick -  mine de plomb sur toile - par l'auteur
Celio convoitait quelque chose en mesure de contenir une explosion finale et Alphan, je n’en sais rien : sans l’Ambre tout est plus dur mais des Comptoirs, c’est juste bon pour le troc. Je pense, moi, à des lances verticales de fer et d’acier reliant le passé au présent, l’extérieur à l’intérieur, le visible à l’invisible. Des immeubles-colosses. Des colonies-temples éclairées et ventilées, rendant la lumière et la circulation de l’air aux corps comme aux esprits. Si le Mur n’est qu’un Central, il relègue l’Avent à un décor. Qu’Hymett se débatte avec la technique : je lui ferai abriter toutes les donnés que je pourrai. Des souvenirs, des mémoires, des savoirs. Comme Aralt avait essayé de le faire dans la Citerne, avec ses énormes livres jaunes couverts de listes de noms et de numéros.
J’ai repris les rênes des Services, aussi. Je les administre tous désormais, ça semble arranger tout le monde. Le reste du temps, comme je dessine trop mal, je cherche Hört-Henri. C’est à son tour de me fuir maintenant. Il a bien trop peur de tracer des plans avec moi depuis que sa mère l’a sermonné sur le fait de concevoir des choses avec moi sans l’agrément de Panthéa ni de Georges. Avec le dingue. Je sais qu’elle m’appelle comme ça. Peu importe, je n’ai pas spécialement besoin d’elle. C’est d’eux tous dont j’ai besoin. Réunis. La mémoire du Mur sans les synapses d’Hymett reste vide ; les algorithmes sans la capacité du BCM ne fonctionnent pas, et le BCM sans le combustible de Sephta n’est qu’un amas de câbles. C’est à Sephta que tout repose, et les Mines sont la clé de l’accès à Sephta. Nous devons nous parler.
Je les surprends tous en exigeant que nous nous réunissions à nouveau. Pas dans la salle d’eau, ni même dans celle des machines : Iasal est à nous et nous devons pouvoir nous y tenir sans être obligés de nous reléguer dans un lavoir. Avec une autorité qui les déroute, je chasse vigoureusement toute silhouette étrangère passant à ma portée vers le sas de sortie, que je referme d’un geste sec. Le claquement résonne puissamment dans le Fort et soudain, l’enfilade des quatre salles vides nous cueille. Nous nous regardons. Avant que l’effet de surprise ne se dissolve, je leur fais part de mon souhait d’officialiser cette séance sous le nom de « Conseil », terme qui pourra désigner chaque séance devant nous réunir nous Neuf, ensembles. Ma conviction est telle qu’ils me regardent en coin, un peu gênés. Depuis l’abandon de la Fosse, deux fortes têtes s’opposent : Preutt et Panthéa. Entre eux, je veux que s’érige le Mur. Léonard, avec un surprenant sens diplomatique, avoue avoir pensé à ce qu’aucune des colonnes d’assaut ne leur soit confiée ni à elle, ni à lui. J’ai couru derrière lui durant les tous premiers kilomètres, après Blell. Je l’ai suivi à la trace. Je ne lui ai jamais parlé seul à seul. Je l’ai toujours trouvé bizarre et dégoûtant. Si je compte l’épisode de la Fosse, il vient de me sauver pour la troisième fois. Léonard serait-il mon meilleur allié dans cette lutte contre la dématérialisation de mon projet ? Je réalise à quel point nous partageons, lui et moi, la capacité de les surprendre. Georges est excédé parce que l’affaire semble entendue. Panthéa reste silencieuse. Nous en profitons, lui et moi, pour arrêter une autre décision : sitôt Yo atteint, nous partirons tous à l’assaut du BCM de Sephta. Reste à trancher sur le départ d’Iasal. J’ai du mal à réaliser que je continue à diriger cette séance, et qu’il m’aide à le faire. L’image de Celio m’obsède, ce qu’il peut être en train de faire en ce moment même, s’il nous regarde, si des gens nous regardent pour lui. Si ce que nous tentons de faire l’intéresse.
Grâce à Jean-Paul cette fois, on range le Conseil au constat de l’inefficacité de ces trois voies pré-percées sous une avalanche d’ordres contradictoires : il nous faut des vivres, et plus de place. Si l’on veut compter sur l’effet de surprise - prendre Celio de vitesse ? - il faut foncer à Mooc d’un seul élan en mobilisant tous nos foreurs sur le même tunnel. Panthéa en est pour ses frais avec son « Carrefour de la Foi » : ce n’est qu’à partir de Mooc que trois véritables voies d’assaut, chacune percée par une équipe différente, seront scindées. Hymett prendra la tête de la Ligne (plein Est), Balt celle du Polygone en direction du Nord, et Jean-Paul se chargera de celle du Chevron, plein Sud : une attaque tricéphale menée en tenaille. Ultime Offensive, explique-t-il. La « Der des Ders », qu’il dit. Un truc de militaire paraît-il. Yo tombée, les trois colonnes réunies seront placées sous un commandement de transition pour nous permettre de lancer notre commando sur Sephta.
Le silence qui suit est d’un genre nouveau : tout le monde réfléchit.
C’est la première fois, depuis que nous sommes cantonnés à Iasal, que nous témoignons ensembles d’une forme d’intérêt pour la même chose.
Panthéa et Georges deviennent dangereusement taciturnes. Hört-Henri n’aura que de moins en moins de poids à faire peser sitôt que ses dessins et ses plans auront été exploités. Tant pis pour lui. Le Mur-Mémoire sera exactement tel que je l’entends : il l’a dessiné mais moi je le nourrirai.
Je dirigerai des hommes pour ça. Des fidèles que je formerai. Moi, je ne suis pas amoureux de lui.





(FIN DU PREMIER ROULEAU)




Note du Rédacteur : la fin du Premier Rouleau marque la fin des "Notes" (préambule à "La Règle Primitive", section introductive de l'oeuvre, partie intégrante du Tome 1). L'intégralité des "Notes" correspond aux Post 1 à 13 du blog (suivre le libellé  "la mise en ligne" ci-dessous) 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Coemeterium

Les Cités Blanches

LA REGLE PRIMITIVE - Chapitre Dix-Huitième :::: (Le 4ème H - Tome 1)