Le 4ème H (Tome 1) - "La Règle Primitive" - Post 3

Concernant l’Âge des Profondeurs


Blell est ouvert. C’est peut-être le plus grand événement de notre histoire. J’entends parler de ça depuis toujours mais je passe d’un sentiment à l’autre au milieu d’une immonde atmosphère de liesse. En réponse à mon envie de fuir c’est au tour du groupe auquel j’ai été intégré de s’avancer. Par flashes, l’image de la Citerne me hante, puis celle de Renée. Quelqu’un se hisse sur la pointe des pieds en s’appuyant dans mon dos : je finis par voir le sas, moi aussi. C’est une porte ronde coulée à l’horizontale sur quelques marches de ciment, entourée de grimaces hurlantes. Je suis encore le cou tendu lorsque le type derrière moi reçoit quelque chose en plein visage. Après, c’est un déferlement. Je dois secouer ma cuisse sur laquelle il s’est affaissé. Derrière, tout le monde pousse. Quelqu’un crie à nouveau très près de moi puis quelque chose atteint ma joue. Sous le coup de la douleur je me recroqueville en bousculant des gens au hasard. Des projectiles atterrissent par poignées. L’avant-bras au dessus du front, je relocalise l’embouchure. Dix pas. Une femme, touchée à son tour, part comme un bélier dans les épaules de son prédécesseur. J’essaie de les enjamber tous les deux, m’accroche le genou, tombe sur elle. Bêtement, je m’excuse. Après, je piétine des choses sans réfléchir.
Au bord du sas, je trébuche et pars en avant sans parvenir à me retenir. Des objets tombent toujours, heurtant les chairs avec des bruits sourds. Je redouble d’effort mais mes jambes sont prisonnières : j’arrache des vêtements, des cheveux, m’accroche à tout ce que je peux si bien que dans un angle bizarre, ma tête penche directement au-dessus de la tubulaire. C’est un rond noir sans relief, plein et abstrait. D’un bras, je tâtonne à l’intérieur au milieu d’autres mains affolées. Je parviens à cramponner quelque chose, je tire de toutes mes forces. Mes jambes se libèrent alors je bascule d’un coup.
J’ai le cou bizarrement tordu. Mon corps tête-bêche s’écrase sur mes épaules cinq ou six mètres plus bas, les jambes en l’air : impossible d’éviter la pluie d’étincelles qui dégringole d’en haut et vient grésiller directement sur mon torse avec une odeur de brûlé. Je parviens à me redresser au prix d’une torsion de reins. Une autre volée d’escarbilles atterrit sur mes épaules que je secoue nerveusement : tout en haut de la tubulaire, un Khal referme la jointure à l’aide d’un engin de soudure de petite taille, nous coupant avec une incroyable vitesse de tout espoir de remontée. Le peu de lumière qui venait du tumulte disparaît.

Je tente de sonder l’obscurité quand le soudeur, dans une chute volontaire, atterrit dans mon dos avant de rouler dans mes jambes : je m’écarte les bras ballants, incapable de décider quoi faire. Il se relève contre moi. C’est ainsi que je ferais la connaissance de Maulian Khal. Il me dira : fais quelque chose, tu saignes beaucoup. Mais ce sera en clanique alors je ne comprendrai rien.

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