Masterclock
GENERALITES
Le rythme circadien
Le rythme circadien,
c’est-à-dire l’alternance de périodes d’une durée de 24 heures, joue sur de
nombreux mécanismes biologiques, physiologiques et comportementaux de l'être
humain (rythme veille/sommeil, vigilance, température corporelle, niveau de
production hormonale, pousse des cheveux, métabolisme cellulaire…). Cette rythmicité provient à la fois de l’environnement, et de mécanismes
cérébraux.
Les rythmes circadiens étant
liés aux mouvements de rotation de la terre, ils interagissent avec les
variations lumineuses de l’alternance jours/nuits. Ces repères issus de
l’environnement (« zeitgebers » en allemand ) sont « prélevés »
par l’organisme pour s’ajuster au rythme circadien. Cependant, si on isole les
personnes de toute variation lumineuse (c’est la méthode expérimentale des « rythmes
en libre cours »), on observe qu’en supprimant l’alternance jours/nuits, le
même rythme circadien est à peu près conservé.
Peretz Lavie a montré que
les périodes de libre cours se maintenaient à peu près à 25 heures en moyenne
chez la plupart des êtres humains. De plus, le rythme circadien n'est pas
présent dès la naissance, les nouveau-nés dorment autant le jour que la nuit, ce
qui tend à soutenir l’idée qu’il y aurait une horloge biologique interne à
l’organisme.
Ainsi donc, pour soutenir
ces deux types de faits, les scientifiques postulent l’idée qu’une horloge
interne maintiendrait une rythmicité de nos fonctions, en s’ajustant aux
repères/zeitgebers fournis par l’environnement.
Théories
du cycle veille-sommeil
Deux théories viennent répondre à la question de savoir pourquoi nous
dormons la nuit.
La première est la « théorie de la récupération » : le sommeil vise
à rétablir l’équilibre physiologique interne (homéostasie) perturbé par
l’activité de la veille.
La seconde explique que l’espèce humaine est programmée par un mécanisme
d’horloge interne à dormir la nuit, mais que le sommeil n’est pas
nécessaire. Wever a montré dès 1979 que si l’on reste éveillé plus
longtemps, la durée du sommeil tend à être plus courte, ce qui
viendrait soutenir l’idée que nous serions programmés à des cycles de
veille-sommeil de 24 heures, peu importe le temps de sommeil qui y
est inclus.
Les variations de la température corporelle interne sont liées
de très près aux cycles de veille/sommeil : notre température corporelle baisse
en effet pendant la phase de sommeil et augmente fortement pendant la veille.
En l’absence de repères lumineux (dans le protocole des rythmes en libre
cours), on constate que la température corporelle ne s’accorde plus
au sommeil ou à la veille : cette désynchronisation nous
montre qu’il y aurait plus d’une horloge circadienne dans l’organisme, et que
plusieurs mécanismes seraient à l’origine du maintien de notre régularité.
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DESYNCHRONISATION, RESYNCHRONISATION, CHRONISATION
Extraits de « Chronobiologie
: Principes et Méthodes »
Pietro CUGINI - Sémiologie Médicale et
Méthodologie
Les travaux en Chronobiologie ont mis en évidence que
les facteurs environnementaux agissent hiérarchiquement comme des synchroniseurs
de rythmes biologiques.
Le synchroniseur le plus puissant est l’alternance
lumière-obscurité : isolé du temps géophysique, l’être humain à tendance
de retarder le temps de repos. Ce phénomène arrive même dans les conditions de
lumière constante ou d’obscurité.
La prise de repas est un autre synchroniseur important ;
des sujets alimentés avec un repas complet, une fois par jour, montrent un
décalage de phase pour de nombreux rythmes biologiques suivant l’heure à
laquelle ce repas est pris.
Des procédures sociales (socio-temporalisme) peuvent
aussi se révéler importantes, spécialement en cas de décalage aléatoire des temps de travail : des effets de dé-synchronisme
peuvent apparaître pour de nombreuses fonctions périodiques, spécialement pour
les performances mentales ou physiques.
D’autres agents d’environnement sont responsables de
désynchronisation comme le stress, la vitesse, la fatigue, etc., s’ils sont
anormalement prolongés dans le temps ou répétés d’une manière cyclique.
Enfin, diverses drogues peuvent induire une
désynchronisation. Certaines drogues peuvent être utilisées pour resynchroniser
les rythmes biologiques lorsque ceux-ci sont perturbés par des interférences
exogènes.
Ces drogues sont appelées " agents
chronisant ou chroniseurs ".
Liste de molécules pharmacologiques favorisant la
chronisation
ACTH
Barbituriques
Antidepresseurs tricycliques
Lithium
Nomifensine
Dérivés de la Xantine
Levodopa
Dépleteurs de la 5-hydroxytryptamine
Indométhazine
Mélatonine
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RYTHMES BIOLOGIQUES, SYNCHRONISATION ET DESYNCHRONISATION
(Extraits
de la publication Inserm du même titre)
Les rythmes
biologiques ont été observés chez l’homme à tous les niveaux d’organisation :
écosystème, population, individus, systèmes d’organes, organes isolés, tissus,
cellules et fractions subcellulaires.
La
chronobiologie étudie et quantifie les mécanismes de la structure temporelle
biologique.
Définition et caractéristiques
des rythmes biologiques
Paramètres
des rythmes biologiques
Quatre
paramètres caractérisent un rythme biologique : La période représente la durée
d’un cycle complet de la variation rythmique étudiée. En fonction de leur
période, les rythmes sont appelés circadiens (du latin circa diem, environ un
jour) si leur période est d’environ 24 heures. Ce sont les rythmes dont l’étude
chez l’homme a été la plus approfondie.
Des rythmes de
fréquence autre que circadienne ont pu également être mis en évidence : un
rythme ultradien (ultra = au-delà) est un rythme dont la fréquence fait
apparaître plus d’un cycle dans les 24 heures. Leur période va de la
milliseconde à 20 heures. Les rythmes infradiens sont ceux dont la période est
comprise entre 28 heures et 1 an ou plus.
Composantes
d’un rythme biologique
On peut
considérer qu’un rythme est constitué de deux composantes, exogène (source
extérieure au système) et endogène (source inhérente au système) : notre vie
est rythmée par les facteurs exogènes de l’environnement : les rythmes ont donc
une origine exogène (Duffy et coll., 1996 ; Dawson et coll., 1993 ; Honma et
coll., 1995 ; Klerman et coll., 1998) ; notre code génétique règle nos rythmes
: ceux-ci ont donc une origine endogène (Steeves et coll., 1999 ; Katzenberg et
coll., 1998 ; Jones et coll. 1999). Ces facteurs interviennent de façon
conjointe.
Les paramètres
qui caractérisent un rythme biologique dépendent pour une part de facteurs de
l’environnement tels que les alternances lumière-obscurité, veille-sommeil,
chaud-froid, l’alternance des saisons (voir Touitou, 1998a). Ces facteurs ne
créent pas les rythmes, ils ne font que les moduler. On les appelle
synchroniseurs, ou agents entraînants, ou agents donneurs de temps (Zeitgeber).
Les
synchroniseurs prépondérants chez l’homme sont de nature socio-écologique :
alternances lumière-obscurité, repos-activité, et facteurs sociaux tels que les
horaires des repas (voir Touitou, 1998a). Le rôle du sommeil est fondamental (la
privation de sommeil est capable de modifier les rythmes biologiques : cf Billiard
et coll., 1996 ; Spiegel et coll., 1999). De même les conditions de travail
particulières sont également susceptibles de modifier les rythmes circadiens
(Ashkenazi et coll., 1997).
On sait
également que les situations d’isolement entraînent des rythmes en libre cours,
de la même manière que chez les aveugles où des modifications des rythmes
circadiens de la température et de la mélatonine ont été mises en évidence
(Lamberg, 1998).
Rythmes biologiques,
synchronisation et désynchronisation
Il est possible de
contrôler les alternances lumière-obscurité, les alternances veille-sommeil,
l’heure des repas, lors d’expériences dites « hors du temps » réalisées soit
dans des laboratoires spécialement aménagés, soit au cours d’expéditions de
spéléologie.
Lorsqu’un sujet
se soumet à de telles conditions de vie, sans aucun repère temporel et libre de
ses actions, ses rythmes biologiques sont conservés, à ceci près que la période
est légèrement différente de 24 heures (amplitude +/- 4 heures)
De tels rythmes,
qui ne suivent plus la période de nos synchroniseurs de 24 heures, comme celle
de l’alternance lumière-obscurité, sont appelés rythmes en libre cours.
Notion d’horloge biologique
La
chronobiologie repose sur la notion d’horloge biologique interne, structure
endogène capable de mesurer le temps. Dès les années soixante-dix, l’étude des
propriétés des noyaux suprachiasmatiques (NSC :
structures hypothalamiques hétérogènes de 10 000 neurones encore imparfaitement
connues) avait conduit au concept « d’horloge unique » (ou
masterclock). Cependant, si certains rythmes sont abolis après destruction des
NSC (chez l’animal de laboratoire par exemple), certains autres ne le sont pas.
Ainsi, à côté du NSC existeraient d’autres populations neuronales également
génératrices de rythmes.
Synchronisation
des rythmes biologiques
Au sein d’un
même organisme, l’horloge biologique assure une synchronisation temporelle
interne, coordonnant de multiples paramètres biochimiques, physiologiques et
comportementaux. Les profils de production du cortisol et de la mélatonine
constituent des bons marqueurs du rythme circadien (rythmes de la température
corporelle, productions hormonales, rythme veille-sommeil, rythme d’excrétion
urinaire).
La seconde
fonction de l’horloge interne est de permettre à l’organisme de s’adapter aux
modifications d’environnement liées aux alternances entre le jour et la nuit.
Les cycles lumière-obscurité jouent un rôle essentiel sur la synchronisation
des rythmes circadiens chez l’homme.
Désynchronisation des rythmes
circadiens
Le sujet en
bonne santé dont l’organisme vit en harmonie avec son environnement présente
une synchronisation de ses rythmes biologiques. En revanche, des perturbations
des rythmes biologiques peuvent apparaître dans un certain nombre de conditions
dites de désynchronisation (Reinberg et Touitou, 1996).
Une
désynchronisation est un état où deux variables rythmiques (ou plus),
antérieurement synchronisées, ont cessé de présenter les mêmes relations de
fréquence et/ou d’acrophase et montrent des relations temporelles différentes
des relations habituelles.
La
désynchronisation externe dépend des modifications de l’environnement (phénomène
du jet-lag, travail posté, expériences spéléologiques).
On retrouve une désynchronisation
interne dans le vieillissement, ou dans un certain nombre de maladies telles
que la dépression et dans certains cancers (sein, ovaire, prostate).
Cette
désynchronisation s’accompagne, qu’elle soit externe ou interne, d’un ensemble
de signes atypiques tels que fatigue, mauvaise qualité du sommeil, mauvaise
humeur, troubles de l’appétit.
L’ensemble de ces
troubles peuvent être corrigés par administration de la lumière forte, ou
administration de mélatonine, une hormone synthétisée par la glande pinéale
(Dijk et coll., 1995 ; Eastman et Miescke, 1990 ; Palm et coll., 1991 ; Shochat
et coll., 1998 ; Touitou et coll., 1998).
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